Comment se construit l’attention chez l’enfant ?

par Violaine Vignaud, Neuropsychologue
« A partir de quel âge puis-je demander à Jade de se concentrer ? » - « Est-ce normal, à 3 ans, que Timothée soit plus concentré sur sa voiture sonore que sur ce que je lui dis ? » - « Dès la naissance, j’ai eu la sensation que Cindy était capable de se concentrer, car nous échangions de longs regards ensembles ! ». De plus en plus de parents se questionnent sur les capacités d’attention et de concentration de leur enfant, et surtout sur leur évolution avec l’âge. Alors comment se construit l'attention chez l'enfant?  Comment cette compétence, essentielle pour grandir, apprendre et évoluer, se développe et se construit-elle ?

« A partir de quel âge puis-je demander à Jade de se concentrer ? » – « Est-ce normal, à 3 ans, que Timothée soit plus concentré sur sa voiture sonore que sur ce que je lui dis ? » – « Dès la naissance, j’ai eu la sensation que Cindy était capable de se concentrer, car nous échangions de longs regards ensembles ! ». De plus en plus de parents se questionnent sur les capacités d’attention et de concentration de leur enfant, et surtout sur leur évolution avec l’âge. Alors comment se construit l’attention chez l’enfant?  Comment cette compétence, essentielle pour grandir, apprendre et évoluer, se développe et se construit-elle ?

Des compétences dès la naissance

Avant toutes choses, il faut savoir que, dès la naissance, le nourrisson possède des compétences naturelles, non attentionnelles, qui vont participer à l’émergence progressive des processus attentionnels:

  • Le système sensoriel : Il va permettre d’exposer le nourrisson aux diverses stimulations visuelles, auditives, olfactives, gustatives et tactiles de son environnement, vers lesquelles il cherchera à s’orienter de façon instinctive.
  • Le système moteur : Il va permettre d’orienter l’œil du nourrisson dès la naissance, puis de permettre les mouvements de têtes et les actions du corps.

Fort de ces compétences, comment alors se construit l’attention chez l’enfant au cours de ses premières années de vie?

De 0 à 1 an : Les compétences attentionnelles initiales :

  • L’éveil : C’est l’activation du cerveau. Au cours des phases d’éveil (qui seront de plus en plus longues), le système sensoriel du nourrisson est actif et sa vigilance se met en alerte pour lui permettre d’engager son attention.
  • L’attention automatique : C’est la première forme d’attention à se développer, entre 0 à 6 mois. L’attention du nourrisson est en fait « capturée » automatiquement par les événements extérieurs, nouveaux, soudains, surprenants. Cela se traduit par l’orientation et la fixation de son regard sur ces événements. On remarque d’ailleurs très tôt que les bébés préfèrent les cibles en mouvement (comme les visages des adultes qui font toutes sortes de grimaces étonnantes) plutôt que les cibles statiques. Les premières vont créer de la nouveauté, re-mobilisant sans cesse l’attention automatique de l’enfant, tandis que les secondes vont créer une habituation, c’est-à-dire que l’enfant va s’en désintéresser (et moins les fixer).

Cette attention permet à bébé de « surveiller » sans cesse son environnement, mais entraîne une continuelle distraction, car il ne peut pas encore maintenir durablement son attention sur un stimuli.

Plus de connexions ! Entre 6 et 12 mois, le cerveau continue sa maturation et va réaliser une étape clef : la mise en relation de deux régions très importantes :

  • les centres des systèmes sensoriels et moteurs (situés à l’arrière du cerveau) et
  • les centres de contrôle volontaire et de la vigilance (situés à l’avant du cerveau).

Cette connexion va faire apparaître de nouveaux comportements, dits « auto-générés » : Bébé commence à regarder là où il veut bien : ce sont les premiers pas de bébé vers le contrôle de son attention ! Bien sûr, le pouvoir attractif du stimulus nouveau reste très fort et recrute encore majoritairement l’attention automatique.

De 1 à 2 ans : L’émergence du contrôle attentionnel :

L’attention volontaire : La connexion créée entre les parties avant et arrière du cerveau continue à se renforcer et permet à l’attention de devenir vraiment autonome ! Le jeune enfant va maintenant pouvoir orienter son attention de façon active et volontaire : il la contrôle délibérément !

Cette attention est plus lente que l’attention automatique (décrite plus haut), puisqu’il faut que l’enfant la décide et l’engage, mais elle est plus durable dans le temps et permet de résister un peu mieux à la distraction. On va donc voir apparaître chez nos enfants :

  • Des comportements exploratoires plus organisés (ex. Marin ouvre les placards de la salle de bain et sort les choses une par unes des boîtes de rangement) ;
  • Les premiers plans d’action, demandant une attention plus soutenue (ex. Milo décide d’aller prendre la voiture orange dans le salon, puis d’aller jouer avec dans son garage, situé dans sa chambre).

L’attention invisible ! : Votre enfant peut maintenant vous écouter sans que vous vous en rendiez compte tout de suite ! C’est-à-dire qu’il peut orienter volontairement son attention vers ce que vous êtes en train de dire à quelqu’un d’autre que lui, sans forcément bouger son corps, sa tête ou son regard. Il a orienté son attention de façon invisible !

De 2 ans à 7 ans : Renforcement du contrôle attentionnel :

Les fonctions de contrôle de l’attention, aussi appelées « fonctions exécutives » et situées à l’avant du cerveau, se développent grandement à cet âge là !

On distingue trois fonctions exécutives principales, nécessaires pour le contrôler l’attention de nos jeunes pré-scolaires :

  • L’inhibition : Elle aide l’enfant à rester concentré sur son activité, en tenant à distance les distracteurs internes (associations de pensées) ou externes (bruits, lumières, etc.) — Ex. Léa continue de réaliser son puzzle, bien que son frère chante à côté.
  • La flexibilité mentale : Elle aide l’enfant à alterner l’engagement de son attention entre plusieurs tâches ou stratégies, en facilitant le passage d’une action à une autre — Ex. Noa se rend compte qu’il n’arrive pas à séparer deux pièces en tirant dessus, il décide de changer de stratégie et d’essayer de les tourner au cas où elles seraient vissées.
  • La planification : Elle aide l’enfant à préparer son action et son niveau d’implication attentionnelle, afin d’atteindre un but précis — Ex. Raphaël sait que pour fermer son manteau, il va falloir être patient et minutieux sur l’attache initiale du zip.

Ces fonctions de contrôle favorisent le développement de 3 types d’attention différentes, observables à partir de 2/3 ans :

  • L’attention sélective (se manifeste vers l’âge de 2 ans, mais n’est toutefois pas acquise complètement avant l’âge de 8 ans et continue ensuite de s’améliorer jusqu’à l’adolescence) : Cette attention permet à l’enfant de sélectionner une source de stimulation qu’il estime (consciemment ou non) plus importante qu’une autre et de s’orienter vers elle. On parle alors de concentration !
  • L’attention soutenue (connaît une grande amélioration entre 2 ans et 3 ans et demi et continue de se développer jusqu’à l’adolescence) : Cette attention permet à l’enfant de se concentrer sur un stimuli plus longtemps.
  • L’attention partagée (plus l’enfant est jeune, plus il est difficile pour lui de mener plusieurs tâches à la fois). Cette attention permet à l’enfant d’exécuter plusieurs tâches en même temps.

Ainsi, dès 5-6 ans, lors de l’entrée à l’école primaire, tandis que la capacité d’analyse des situations s’est affinée, la concentration a déjà commencé à se stabiliser et l’enfant parvient de mieux en mieux à moduler son attention (bien que plus l’enfant soit jeune et moins il résiste à la distraction). Il peut donc décider d’accorder plus ou moins d’attention à une tâche, en faisant varier son intensité, en fonction de son intérêt, de sa motivation, de son niveau d’éveil et de la situation.

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à aller découvrir L’importance de l’attention dans les apprentissages.

par Violaine Vignaud, Neuropsychologue

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